logo article ou rubrique
Petit conte wolof...
Article mis en ligne le 9 juin 2009
dernière modification le 7 juin 2009

par Isabelle Dehan

LA CUILLER DE KOUMBA

Un homme avait deux épouses qui avaient chacune une fille.

Allah fit qu’une des femmes mourut ; or les deux filles avaient le même nom. Pour les différencier, on les surnomma « Koumba-sans-mère » et « Koumba-avec-mère ». Le père de famille craignait tellement la femme qui lui restait qu’il acceptait tout ce qu’elle faisait, la laissant commander à Koumba-sans-mère tout le travail de la maison.

Un jour, en lavant la vaisselle, Koumba-sans-mère oublia de nettoyer une cuiller en bois. Sa marâtre, furieuse, l’envoya la laver à la mer de Ndayane.

La jeune fille en pleurs se mit en route. Elle marcha deux jours et deux nuits, jusqu’à rencontrer une très vieille femme qui n’avait qu’une jambe, un bras, un œil, une oreille et un doigt. Koumba l’orpheline s’agenouilla et la salua. La vieille lui demanda :
- « Où vas-tu, petite ? »
- Koumba lui répondit :
- « Grand-mère, la co-épouse de ma mère défunte m’a envoyée laver cette cuiller à la mer de Ndayane. »
- « Assieds-toi. Passe la nuit avec moi et préparons le repas car il fera bientôt sombre », lui dit la vieille en lui donnant un os blanchi dégarni.

Koumba le prit et le mit dans la marmite, qui s’emplit aussitôt de viande. La vieille lui remit aussi un grain de mil que Koumba pila dans un mortier, qui s’emplit de couscous.

Après ce dîner, Koumba fit la vaisselle sans oublier sa cuiller. Puis elles se couchèrent et dormirent. Au matin, Koumba se leva et son hôtesse lui demanda de se préparer pour rentrer chez elle. Elle lui remit trois œufs et lui dit :
- « Fais attention, ne les confonds pas. Celui-ci, tu le casseras quand tu seras au milieu de la brousse, celui-là quand tu apercevras ton village, le dernier quand tu seras à l’entrée de ton village. Maintenant, pars, mon enfant, et qu’Allah guide tes pas. »

Koumba s’agenouilla, salua la vieille dame, la remercia et se mit en marche. Au milieu de la brousse, elle cassa le premier œuf, duquel sortirent des lions, des panthères et d’autres animaux qui l’escortèrent pour que rien ne puisse l’atteindre.

Elle poursuivit jusqu’à l’endroit d’où elle était partie. Elle cassa alors le deuxième œuf. Les cavaliers armés de fusils qui en sortirent tuèrent les fauves et tous les autres animaux.

Koumba continua son chemin et, avant de pénétrer dans le village, cassa le dernier œuf. De nombreux esclaves en sortirent, certains battant des tam-tams, d’autres chargés de sacs d’or et d’argent, et accompagnés de troupeaux de bœufs.

Quand elle entra dans le village, Koumba avait un air royal et tout le monde était dehors pour la contempler.

Vous trouverez d’autres contes du Sénégal à cette adresse.