Migrations : document de synthèse
Article mis en ligne le 29 mai 2009

Les Migrations en question

Document de synthèse rédigé à l’occasion du projet soutenu par le Bureau International de la Jeunesse

Auteurs :

Abdoulaye DIALLO, Dieynaba DIALLO, Mame Mbacké FAYE, Ouseynou FAYE,

sous la direction de Maurice SARR et de Papa DIOP

La question des migrations, qui alimente aujourd’hui les débats dans toutes les rédactions de la presse mondiale, qui inquiète les puissances européennes et apeure les dirigeants des pays en voix de développement, n’est pas une nouveauté. Elle a toute une histoire .Depuis des temps immémoriaux, l’homme a été toujours obligé de résoudre des difficultés qui le conduisent à se déplacer d’un endroit à un autre. Ainsi plusieurs raisons incitent l’homme à émigrer.

Les manifestations de ces déplacements dans le temps et dans l’espace se sont différenciées. L’importance et la nature des migrations d’aujourd’hui nous poussent à rechercher des solutions idoines pour combattre ce phénomène social qui tend à déstabiliser les sociétés humaines.

HISTORIQUE DES MIGRATIONS

L’homme depuis son apparut ion à la préhistoire n’est jamais resté figé.IL a été nomade durant tout le paléolithique. Pour se nourrir, il se déplaçait dans la nature. Ainsi les premiers hommes se sont permis d’aller, d’un continent à un autre par le moyen du nomadisme c’est-à-dire de la migration. D’après les chercheurs historiens, l’homme serait né en Afrique pour ensuite gagner le reste du monde par le biais de l’émigration. A L’échelle continentale l’Afrique ; dans sa partie Nord a connu d’importantes vagues de migration durant l’antiquité.

En effet, l’assèchement du Sahara amorcée depuis le néolithique a suscité le déplacement des populations vers le Nord-est prés de la grande vallée du NIL. Le grand foyer humain de la vallée du NIL est donc le résultat de phénomènes migratoires dus à un changement climatique.

Dans le nouveau monde, avant même le XV siècles, les européens avaient entamé un projet de peuplement de la région avec l’installation des indiens sur les cotes pour assurer les travaux des plantations et des mines. Impuissants à assurer la tache, les indiens s’affaiblissent face aux aléas climatiques inadaptés, devenaient impuissants dans l’exécution des taches. Pour résoudre le problème de main- d’œuvre dans les plantations et les mines, les colons européens notamment les espagnols et les portugais s’orientèrent vers l’Afrique continent par excellence de l’homme noir.

L’Afrique abritait une espèce capable de résister aux conditions physiques de l’Amérique qui se situe en grande partie sur les mêmes latitudes. En1501, commença l’extraction de l’homme noir par les espagnols : c’est la traite des noirs. La ruée de plusieurs millions d’Africain vers différentes zones géographiques du continent américain va contribuer immensément au peuplement du nouveau monde. La traite des esclaves, à ce point de vue, est l’une des migrations les plus importantes de l’humanité. En guise d’exemple, le Brésil avait reçut en trois siècles (1521-1821) plus de trois millions de noirs africains qui se sont définitivement installés dans ce pays

La deuxième révolution industrielle en Europe a été un grand facteur de migration. La création de richesse a suscité une inégalité de développement locale entrainant des mouvements de populations importants. Plusieurs vagues de ruraux se sont ruées vers les villes industrielles. Cette industrialisation a même poussé les hommes a traversé les frontières européennes à se lancer dans des activités commerciales. La domination des puissances européennes durant l’ère de l’impérialisme des autres nations du monde, avait nécessité une forte administration coloniale composée d’autochtones européens obligés d’émigrer. Des centaines de milliers de nationaux européens ont connu l’émigration pour sauvegarder les intérêts de leur patrie au-delà des océans.

La superpuissance mondiale des temps modernes, les Etat Unis a connu un peuplement qui résulte d’une sèr e de migrations. E n effets, plusieurs milliers d’ Européens notamment Anglais et des noirs Africains ont migré en Amérique du Nord pour créer treize colonies .Le territoire occupé par les Anglais en Amérique du nord comptait 250.000 hts en 1713 et 1.650.000 habitants un demi siècle après .L’augmentation exponentielle de la population s’explique par les phénomènes migratoires intenses .

Des campagnes de propagande d’émigration ont été initiées dans les iles britanniques et en Allemagne par des agents qui ont installé des bureaux de recrutement. Des condamnés anglais ont été obligés de migrer entre 1720 et 1775 en Amérique du Nord pour accélérer le processus de peuplement, ainsi prés de 50.000 prisonniers ont été expédiés pour grossir les rangs des migrants. Par ailleurs, des populations démunies se sont portées volontaires à l’émigration dans le but d’avoir de meilleures conditions de vie et d’existence.

A l’échelle nationale, dans tous les pays du monde et à différentes époques de la vie, les populations ne cessent de se déplacer d’endroit à un autre .Au Sénégal, le phénomène a pris le vocable d’exode rural, celui-ci a permis le déplacement d’une forte population du Sénégal intérieur vers les zones côtières occidentales. Dans ces mouvements intérieurs, Dakar reste la région d’accueil des ruraux. Vers les années « 60 » qui correspondaient aux beaux jours de la culture arachidière au Sénégal, des milliers de guinéens , des maliens se sont émigrés au Sénégal pour exploiter les riches terres du centre -ouest., le bassin arachidier, a été le grand fief des « navétanes » autrement dit les saisonniers de la sous-région ouest africaine

LES CAUSES

LES CAUSES ECONOMIQUES

Sur le marche mondial, au cours des vingt derrières années, les prix des matières premières agricoles (coton, canne à sucre, arachide, cacao …) n’ont cessé de chuter. Certains prix, comme celui du café ou de la canne à sucre, se sont carrément effondrés. Avec un déclin des produits de rentes dans les pays réputés agricoles.

- Le secteur secondaire est en faillite dans les pays du sud ou le FMI a contraint les gouvernements des pays sous développés à fermer des centaines d’hôpitaux et d’écoles, à réduire leurs dépenses publiques, à suspendre la réfection des routes et à révoquer les crédits que les banques publiques avaient concédés à l’entrepreneur. C’est le cas de la Thaïlande ou à l‘espace de deux mois, des centaines de milliers de travailleurs ont perdu leur emploi et la majorité des usines fermées

- Les ressources halieutiques deviennent de plus en plus rares avec la surexploitation des océans et des mers. Les bateaux de pêche occidentaux vident les eaux africaines au détriment des pirogues qui entretenaient beaucoup de familles particulièrement dans les villes côtières accentuant ainsi le nombre de chômeurs

- la dette et les politiques d’ajustement structurelles viennent empirer la situation sachant que ces pays ont des obstacles administratifs et des politiques trop restrictives entrainant un néo-impérialisme qui brise tout l’espoir des jeunes ambitieux. Les maigres ressources des Etats servent à couvrir les dépenses faramineuses de fonctionnement. Par exemple, le Sénégal qu’on connaît le mieux débloque six milliards de francs CFA pour le fonctionnement de sa présidence. Cette somme infime pour nos dirigeants pourrait pourtant servir au recrutement de mille jeunes en raison de cent-cinquante mille francs le mois. Le SENAT qui était dissout par le régime précédent est remis sur pied à cela sajoutent des dizaines d’agences qui gravitent autour de ces institutions et gérées par des fonctionnaires qui ont des rangs de ministres. Tout ceci affaiblit de plus en plus le pouvoir d’achat des gouvernés.

- Les pays riches ont généralement une population vieillissante d’où la nécessité d’emplois dans leur entreprises et leurs fermes. C’est le cas de la Belgique qui puisait la main d’œuvre maghrébine particulièrement celle du Maroc. C’est ce qui explique d’ailleurs cette forte présence Marocaine dans ce royaume européen qui en gagne sur le plan des traitements salariaux.

- La liste de causes économiques est loin d’être exhaustive, si l’on sait que malgré toutes les difficultés, l’émigration peut s’expliquer surtout par des raisons sociales, par la dévaluation qui accentue le fossé monétaire entre les pays du nord et ceux du sud .Le Mali en est un exemple patent si l’on sait que deux cents millions de francs CFA sont versés mensuellement par les maliens émigrés.

LES CAUSES SOCIO - POLITIQUES

Les jeunes connaissent des taux de chômage et de pauvreté élèves. Ce sont ces éléments moteurs qui poussent les jeunes Africains, surtout en Afrique de l’ouest et en Afrique du Nord, à émigrer, de manière légale ou clandestine, pour rechercher un avenir meilleur en Europe. Les politiques restrictives et les obstacles administratifs qui freinent la mise en œuvre de la libre circulation des personnes participent à l’augmentation des migrations irrégulières.

Toute migration non régulée est considérée comme une menace potentielle à la sécurité intérieure et au bien être de tous, car elle favorise la xénophobie, voire le racisme qui s’exercent à l’encontre des personnes de nationalité étrangère. Le B.I.T (Bureau International du Travail) dans ses rapports de 2005 avait déclaré qu’aucun pays n’a encore mis au point de politique cohérente et exhaustive propre à gérer les migrations de main d’œuvre.

- La subvention des denrées de base des grandes puissances combinée à la régression agricole de l’Afrique entraine la misère et la faim .Le world Food Report de la FAO affirme que l’agriculture mondiale, dans l’état actuel du développement de ses forces de production, pourrait nourrir normalement (soit à raison de 2700 calories par jour et par adulte) douze milliards d’êtres humains sur terre. Donc il n’existe aucune fatalité. Un enfant qui meurt de faim est assassiné

- Des 192 Etats de la planète, 122 se situent dans l’hémisphère sud Leur dette extérieure cumulée dépasse les 2.100 milliards de dollars. Cependant dans la plupart des pays africains, l’accumulation des capitaux est faible ; le produit de l’impôt quasi inexistant et les investissements publics déficients. Pourtant ; en une année (2002 à 2003) le nombre de millionnaires en dollars originaires l’un ou de l’autre des 52 pays d’Afrique a augmenté de 15%. Ils sont aujourd’hui 100.000.Leurs avoirs privés s’élèvent à 600 milliards de dollars reflétant ainsi la mauvaise gouvernance.

- Si la vague de migrations clandestines a pris une ampleur considérable en Europe, ce n’est pas seulement pour des raisons économiques. Depuis une dizaine d’année, le rêve du départ est généralisé chez les jeunes africains« On croyait jusqu’ici que cette obsession de départ n’habitait que ceux qui, ayant fini leur études et ne trouvant pas de travail ou aussi, étant à la recherche de débouchés scolaires, pensent qu’il n’ y a rien de mieux que l’étranger .Toutes les catégories sociales sont désormais habitées par cette envie morbide de partir » ( Ndachi Tagne ).C e désir est entretenu par l’illusion due à une image d’opulence collée à l’Occident et dévorée sur les écrans de télévision ; de vidéo clubs ou de cinémas « Lorsque vous voyez la vie dans cespays à la télévision, c’est vraiment le paradis. On se demande ce que nous faisons ici. C’est pour cela que par tous les moyen, il faut que je parte » confessa Sandrine Y une congolaise de la RDC rencontrée à Nguigmi au sud du Niger. Le monde occidental exerce un attrait sur les consciences juvéniles au point où plusieurs d’entre elles pensent toujours que « l’avenir n’est plus au pays mais ailleurs »

CAUSES CULTURELLES

- Les femmes occupent une nouvelle place dans la société africaine. Traditionnellement, la femme africaine est en charge de la subsistance du foyer .Celle-ci inclut des taches aussi diverses que l’approvisionnement en eau, en bois pour le feu , le travail agricole, la cuisine et les suivi des enfants. De nos jours elles sont des émigrées et salariées et prennent en charge beaucoup d’hommes d’où la demande de revalorisation de leur statut. D’autre part le monde est devenu un village planétaire où les pays développés diffusent et mettent au premier rang leur culture par le biais des nouvelles technologies de l’information et de la communication(NTIC).De ce fait même si les traditions sont multiples, beaucoup d’ entre elles sont considérées comme caduques et parfois mises aux oubliettes.

- La preuve, depuis un certain temps, tout ce qui est jeu ou loisir est sacralisé et enrichit ses adeptes en un laps de temps .Ils sont vénérés, imités aveuglement surtout par les jeunes qui n’ont plus le goût des études. Ce délaissement de ces études peut aussi s’expliquer par la revalorisation du secteur informel qui devient le noyau dur de l’économie des pays en voie de développement.

- N’oublions pas aussi que l’émigré quelque soit ses conditions de vie, s’il revient dans son pays d’origine il est respecté et écouté par la société grâce à ses moyens financiers jaugés par son train de vie. 90% des émigrés sénégalais résidants au nord du Sénégal ont construit des villas, acheté des voitures et célébré des mariages à l’espace de cinq ans. Certaines filles n’hésitent d’ailleurs pas à les attendre au détriment des petits fonctionnaires locaux.

LES MANIFESTATIONS

Tous les villages où la pèche reste, l’activité principale, sont confrontés à l’émigration clandestine ;mais Yarakh et Thiaroye, dans la banlieue dakaroise, ont leur particularité. Ils ont enregistré le plus grand nombre de victimes. Entre juin et septembre il ne se passe pas deux jours sans que la mer n’engloutisse des fils de la localité. Malgré la tragédie, ces jeunes n’hésitent pas de se retrouver dans l’océan à bord d’une pirogue.

Ces cinq derrières années, l’Espagne est désormais« la nouvelle terre promise » des candidats à l’émigration clandestine et toutes les voies sont envisagées. Même celle où on risque sa vie. Les pirogues de fortune bravent la mer et ses vagues dans l’espoir de rejoindre les iles canaries. Avant c’était la voie terrestre, les clandestins passaient par le désert jusqu’a Maroc pour ensuite rejoindre l’Europe. Le 25 septembre 2005, une foule de clandestins s’était ruée vers le centre de Melika pour rejoindre « l’eldorado européen »Et ce fut dramatique : quatorze Africains avaient trouvé la mort lors de ce passage« en force », dont certains furent tués par balle. Cela avait soulevé la polémique, entrainant le renforcement de la surveillance du détroit de Gibraltar et ses enclaves .

Depuis lors, la route maritime est empruntée, à partir du Sénégal et de la Mauritanie et est beaucoup plus couteux et plus périlleux avec des pirogues. Kayar, Mbour, Casamance sont connus comme lieux d’embarcation. Des bouteilles de gaz, des futs d’essence, du riz … sont entassés avec parfois 65 personnes pour réussir l’aventure entre huit et quinze jours

- Certains bateaux de pèche peuvent aussi servir de transport, mais délaissent leurs clients en cas de pépin.

Pour la voie aérienne, deux jeunes Guinéens des noms de Fodé et Yaguine avaient tenté l’aventure. Et c’était le drame qui avait mobilisé la communauté internationale. C’était dans cet ordre d’idée que le président Français, monsieur Nicolas Sarkozy avait prôné son idée « immigration choisie ».

Ceci consistait à accorder au pauvre du sud des quotas de contrats de travail selon les besoins d’emplois des pays donneurs. Mais précisions que c’tait avec sélection accrue des candidats qui touchent surtout leurs compétences intellectuelles. Ce qui a fustigé bon nombre d’Africains qui le considère comme un vol de la crème africaine et pire encore un néocolonialisme masqué. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que le Ministre des affaires étrangères de la France d’alors, Monsieur Brise Orthefeu avait fait une tournée dans huit pays africains. Et le Mali avait dit non lors de sa venue. Il est important aussi de souligner que la libre circulation des biens et des personnes pose problème. Puisque les occidentaux peuvent venir librement en Afrique dès qu’ils ont le billet tandis que pour l’Afrique c’est la croix et la bannière pour l’obtention d’un visa, Si l’on prend l’ambassade de la Belgique au Sénégal, seules cinquante personnes sont reçues par jour

- Le ministre de l’intérieur Sénégalais, Monsieur Ousmane Ngom avait déclaré lors du séminaire organisé au CESTI le 27 mars 2007, sur le thème « Emigration, contenus médiatiques et paroles d’émigrants » qui à l’heure de la mondialisation et celle de l’interconnexion des réseaux d’information et de communication qui font du Sénégalais le voisin de l’Australien, du Ghanéen, ou Pakistanais,il serait suicidaire de vouloir fermer ses frontières .Le premier exil de l’homme est de sortir du ventre de sa mére.qui, dés le premier cri, il n’y-a plus de limites .Si l’homme était condamné à l’immobilisme, l’aurait-on trouvé ailleurs qu’en Afrique, berceau de l’humanité ? » S’interrogeait-il.

Les avantages
Les chaines de solidarité suscitées par l’émigration se manifestent surtout par l’appartenance confrérique. Par exemple, la construction de maisons d’accueil par les Mourides partout où ils se retrouvent et la mise en place de fonds d’appui qui permettent aux nouveaux venus de pouvoir débuter un petit commerce avant de trouver un emploi durable.

Cette solidarité est mise en action dans les zones de transite (Maroc, Niger, Algérie…) où les Tidianes bénéficient d’un traitement de faveur .En effet, les candidats Tidianes à l’émigration sont considérés comme membres à part entière dans les communautés de ces pays. Ainsi, ils pourront trouver soit un emploi temporaire leur permettant de reconstituer le capital de voyage soit un emploi durable et ils se sédentarisent.

Le prestige social

Les émigrés, une fois dans leur pays d’origine sont bien considérés socialement. Leurs familles sont dignes de respects et très enviées ce qui est une sécurité sociale. L’émigration d’un des membres de la famille constitue une réelle réussite pour tous les parents et surtout pour la mère qui la considère comme une consécration de son œuvre antérieure dans le ménage. C’est l’espoir d’une bonne assise socio-économique.

L’investissement socio-économique

Une main d’œuvre facile et maléable

LES INCONVENIENTS

En Afrique, on note une perte notoire sur le plan humain avec ces milliers de jeunes qui ne peuvent plus supporter leurs conditions de vie, matériels avec les ressources exploitées. Sur le plan financier, ces bras valides constituent un frein à l’économie des pays de départ.

La prostitution s’installe avec ses corollaires et beaucoup de prostituées sont intégrées dans de vastes réseaux internationaux, facilitant propagation de certaines maladies.

Des réseaux de trafiquants viennent s’y greffer pour faire l’affaire de grands hommes d’affaire qui emploient de jeunes innocents pour maximiser leur gain.

Par ailleurs, certains émigrés, ont aussi contribué au changement de mentalité en ce qui concerne les cérémonies comme les mariages, les baptêmes et autres Ils en ont fait des festins extraordinaires avec des dépenses colossales dépassant parfois la raison. Et d’autre part ceux qui ne sont pas réussi en Europe font face à la honte et à la déception. Ils sont pour la plupart rejetés et bannis par leurs familles respectives.

En Europe, certains de ces émigrés se sont sédentarisés et intègrent parfaitement leur nouvelle société. C’est-ce qui a entrainé dans certaines zones le développement de la xénophobie. Celle- ci offre à bon nombre d’émigrés une vie d’enfer à cause de la perception néfaste qu’ont certains occidentaux sur les autres et particulièrement sur les Africains. Quelques gouvernements ont aussi mis sur place des centres de détention pour émigrés comme celui de Lampedusa en Italie. Ce centre était prévu pour huit cent- cinquante au début avec un séjour maximal de trois mois. Ce centre accueille de nos jours plus de mille six cents émigrés entassés et traités dans des conditions inhumaines. D’ailleurs depuis la première quinzaine de ce mois (Février), ces « détenus » se manifestent et expriment leur amertume. Ils sont d’ailleurs soutenus dans cette lutte par la majorité de la population de cette petite ile Italienne .Les conditions sanitaires y sont déplorables et leurs séjours deviennent de plus en plus longs

LES SOLUTIONS
Le problème de l’émigration clandestine sous ses formes les plus vulgarisés connaît un développement qui réjouit les uns et consterne les autres. A un niveau plus élevé, le phénomène de l’émigration clandestine fait couler beaucoup d’encre. Les échecs difficilement évitables dans des pays arriérés au point de vue économique, ravagés par des guerres civiles seront des sources de réflexion sur les conditions réelles et possibles de nouvelles solutions qui permettront d’éradiquer ou de diminuer considérablement le problème de l’émigration clandestine. Parmi les solutions possibles, on peut citer entre autre :

- Création d’un gouvernement continental.
- Une bonne gouvernance.
- Régler les conflits- inter Etats.
- Redynamiser le secteur agricole.
- Développer une bonne politique de jeunesse.
- Lutter contre la pauvreté
- Valoriser le système éducatif face à l’informel.

LA CREATION D’UN GOUVERNEMENT CONTINENTAL

Pour arrêter le processus de marginalisation du continent africain par rapport à la mondialisation en cours et d’assurer son développement, la seule voie est la vision continentale des solutions .Il sera plus question de poser les problèmes par pays, mais plutôt par région. Donc il est nécessaire voire indispensable de créer un gouvernement continental afin de faciliter la circulation des personnes et les liens du Nord au Sud et Est en Ouest. Pour y arriver, il faut de bonnes voies de communication et une réglementation du tarif des transports.

UNE BONNE GOUVERNANCE

Au Sénégal en particulier et dans toute l’Afrique en général, beaucoup de secteurs sont en faillite et cela a entrainé un désespoir chez certains jeunes et c’est ce qui leur pousse à émigrer. Pour remédier à cela, nos gouvernants doivent mener une bonne gestion des ressources minières, agricoles et financières. Plusieurs milliards doivent être investis en Afrique pour inverser cette tendance et redonner au continent un visage plus reluisant. Cette manne financière devait permettre le financement des plans de développement et financer l’économie des jeunes nations. L’aide publique au développement doit arriver à destination .En Afrique, moins de 40% de l’aide parviennent à leur destination. La question est d’autant plus pressente qu’entre 1980 à nos jours, l’Afrique a reçu plus de 500 milliards de dollars d’aide.En effet pour nos chefs d’états, toutes les occasions sont bonnes pour détourner les aides financières à des fins personnels. Dans ce continent, plus qu’ailleurs, les exemples de corruption font légion. Pour corriger ces défaillances et redonner espoir aux Africains, nos dirigeants doivent cesser de fermer les yeux sur les abus de certains de leurs ministres ou hauts fonctionnaires. Les Etats doivent diminuer les dépenses de fonctionnementqui engloutissent lourdement les budgets .Certains défauts comme l’incivisme, la corruption, le népotisme et l’absence de conscience professionnelle doivent être arrêtés car ils constituent autant de facteurs de paralysie.

REDYNAMISATION DU SECTEUR AGRICOLE

Plusieurs années de sécheresse ont provoqué au cours de ces dernières années de graves famines non seulement dans toute l’Afrique occidentale, de la Mauritanie au Niger en passant par le Sénégal et le Mali, mais également en Afrique orientale (Ethiopie, Somalie …). Les terres arabes sont insuffisantes dans la plupart des Etats africains. En effet, dans de nombreux endroits, la décomposition mécanique des sols a entrainé une latérisation et donc une stérilisation générale.Face à cette situation, les Etats africains doivent redynamiser le secteur agricole pour permettre la fixation des jeunes et de leur donner espoir surtout dans les milieux ruraux. Et cela passe nécessairement par les stratégies suivantes :

- Ouvrir une ligne de crédit avec un faible taux d’intérêt.
- Créer des dépôts de vente, de matériels agricoles et d’intrants.
- Faire des amendements agro-minéraux
- Pratiquer des techniques de défense et restauration des sols.
- Intensifier l’agriculture.

- Utiliser des produits phytosanitaires.
- Aménager les vallées (construction de barrages et de bassins de rétention).
- Mieux organiser la commercialisation des récoltes (arachides coton …).
- Créer des unités de conservation et de transformation des produits maraichers .

DEVELOPPER UNE BONNE POLITIQUE DE JEUNESSE

En Afrique, les premières victimes du marasme économique sont les jeunes qui constituent plus de 50 ? de sa population. Face à cette situation, une bonne politique qui permettrait d’offrir des emplois durables et de fixer les jeunes dans leur localité s’avère primordiale. En effet, il faut réhabiliter certaines usines, appuyer les projets des jeunes, faciliter l’accès des jeunes aux lignes de crédit, soutenir les A S C (Association Sportive et Culturelle) , former les jeunes en entreprenariat, donner des emplois bien rémunérés aux diplômés afin d’éviter la fuite des cerveaux, responsabiliser les jeunes et leur soutenir dans leurs études (Exemple les fonds Yaguine et Fodé), aménager des aires de jeux pour permettre aux jeunes de pratiquer des activités lucratives.

LUTTER CONTRE LA PAUVRETE

L’état doit réduire l’écart accru entre les moins démunis et les plus démunis. En effet, le phénomène économique le plus important est les distorsions qui s’accentuent entre pays riches et pays pauvres. Ces derrières ne cessent de s’appauvrir, tendis que les premiers progressent réellement et cette situation fait échouer les efforts de coopération économique régionale qui sont pourtant les seules solutions susceptibles d’offrir des chances sérieuses de développement aux plus défavorisés. Avec la rareté des denrées alimentaires, la montée du coût de la vie, du logement et de l’éducation des enfants, l’Etat doit développer une politique de limitation des naissances.

REGLER LES CONFLITS INTER-ETAT

Terre d’accueil et d’espoir, l’Afrique a besoin de s’unir, de promouvoir la paix, de redevenir un continent ou les foyers de tension sont éteints, où il n y a plus de guerre civile de conflits armés. Pour arriver à cela, toutes les frontières qui constituent des entraves à la viabilité économique et politique doivent être définitivement supprimées

RÔLES ET MISSIONS DE L’ENSEIGNANT

L’enseignant étant un homme formé pour être un modèle dans la société, un homme où se repose le socle d’une nation, de tout un peuple ; celui-ci face à un fléau comme l’émigration clandestine, ne doit pas rester les bras croisés. Il a l’obligation voir même le devoir de mener des actions concrètes pour dissuader les jeunes afin qu’ils restent dans leurs pays pour y travailler

En tant qu’éducateur, nous proposons les actions suivantes :

A travers les leçons de morale, l’éducation physique et civique, développer certaines vertus comme le patriotisme, le civisme, la responsabilité du citoyen
- Projeter des films, mener des campagnes d’information, joue des sketchs qui permettront de sensibiliser les jeunes sur les méfaits de l’émigration clandestine.
- Rédiger des documents de sensibilisation qui seront mis à la disposition des populations

CONCLUSION

- En somme, misère et pauvreté semblant être les seuls concepts économiques et politiques forgés à l’encontre de la plus part des Etats africains. Certes, bouleversements sociaux, handicaps économiques, guerre civiles, chômage, fuite des cerveaux constituent autant de réalités que vivent quotidiennement les Etats africains particulièrement ceux subsahariens
- Mais au- delà de ces considérations purement subjectives, nous pouvons affirmer que l’Afrique n’a pas perdu son âme. Bien que n’étant pas riche économiquement, des qualités comme le respect de la famille, la considération pour les vieillards, l’ouverture aux autres s’y manifestent quotidiennement.
- Enfin, pour mettre fin à cette situation qui n’est que transitoire, les solutions contre l’émigration clandestine se trouve à la fois en Afrique même et à l’extérieur, ce qui témoigne une nouvelle fois de l’interdépendance existant entre le vieux continent et le reste monde

Tentatives de solutions

Proposer des solutions pour freiner l’émigration dans tous ses aspects reste une réelle difficulté de par la complexité du phénomène. Cependant l’humanité toute entière s’est donné comme mission d’éradiquer l’émigration , surtout clandestine. Les plus grands acteurs devant se distinguer dans cette lutte sont incontestablement les gouvernants d’Etats (du Nord comme du Sud), les organisations non gouvernementales, les organes de presse, les enseignants des pays du Sud qui se chargent de former les éventuels futurs candidats à la ruée vers l’Occident. La lutte pour atténuer le phénomène de l’émigration devra se faire à deux niveaux :
- imaginer des solutions à court terme
- et des solutions à long terme

- solutions à court terme

La pauvreté est la principale cause qui a le plus engendré l’émigration dans tous ses aspects. Lutter contre l’émigration revient à éradiquer la pauvreté. Celle-ci est une situation d’insuffisance générale notée dans une communauté humaine donnée. C’est un manque à tous les niveaux. Partant de-là, les pays du Nord autrement dits les pays développés, ont une grande responsabilité à assumer dans l’évolution de l’émigration.

La pauvreté ne pourra être combattre que par la mise en place de stratégies consistant à :
- appuyer les secteurs agricoles des pays du Sud, l’agriculture étant l’activité qui emploie le plus de bras dans les pays du Sud (60% au Sénégal) et ce secteur, qui est le plus grande pourvoyeur de matières premières aux unités industrielles, connaît aujourd’hui des problèmes cruciaux pour maintenir les masses populaires, surtout les jeunes, dans leur terroir. La politique d’appui devra s’orienter vers l’enrichissement des sols, la dotation de matériels agricoles mais surtout l’orientation vers l’agriculture irriguée au moment où l’agriculture sans pluie a montré ses limites à la suite de la régression progressive des précipitations. A ce niveau les pays du Nord devront considérablement aider les pays du Sud à financer de grands projets agricoles qui permettront de fixer les masses paysannes dans leur terroir tout en donnant la possibilité d’avoir des revenus.

- Aider les états du Sud à exploiter leurs ressources, la plupart des pays du Sud sont assez riches à toutes les échelles. Or, jusqu’à présent, ces ressources n’ont pas satisfaits nos populations qui vivent toujours dans un paupérisme total. Un apport constant doit provenir des pays du Nord pour exploiter les ressources en vue de relever le pouvoir d’achat des populations mais surtout de créer des emplois.

- Financer des projets de développement : les secteurs secondaires et tertiaires connaissent un retard aigu dans les pays du Sud. C’est cette situation qui a engendré un chômage élevé dans les pays en développement. Les pays du Nord se donneront comme mission de redynamiser ces secteurs d’activités en finançant de grands projets qui généreront des milliers d’emplois qui à leur tour tendront à réguler le flux migratoire du Sud vers le Nord et même au sein des pays du Sud.

- Appuyer davantage les organismes au développement comme le PAM, l’UNESCO, l’UNICEF, etc. Les Etats occidentaux pour participer au bien être des populations du Sud et lutter contre les différents fléaux sociaux : les maladies, la faim, la malnutrition, doivent impérativement augmenter la capacité de fonctionnement des institutions spécialisées pour leur permettre d’étendre leur domaine d’action mais surtout de renforcer la qualité des prestations. Pour atteindre ces objectifs, les organismes doivent connaître des budgets de fonctionnement plus importants pour pouvoir prendre en charges toutes les sollicitations exprimées dans les différents pays du Sud. Un bon fonctionnement de ces organes pourra participer à un relèvement du taux de scolarisation.

L’exemple du programme alimentaire mondial (PAM) est une parfaite illustration. En effet les écoles dotées de cantines scolaires PAM connaissent un épanouissement et les élèves sont plus motivés à poursuivre leurs études. Par conséquent le relèvement du taux de scolarisation à long terme pourra contribuer à la lutte contre l’émigration.

- Equilibrer le échanges entre le Sud et le Nord : les échanges commerciaux entre les Etats connaissent un déséquilibre criard. Les pays pauvres achètent trop cher les produits finis provenant des entreprises du Nord. Ils produisent globalement des matières premières agricoles qui coutent aujourd’hui des prix dérisoires dans le marché mondial. Cette dichotomie entre les achats et les ventes a engendré un déséquilibre très important dans les pays du Sud. Cette situation a accentué la pauvreté dans les pays du Sud et accéléré le processus des mouvements migratoires. A ce niveau, les pays du Nord doivent renverser la tendance en vendant moins cher et en proposant des prix acceptables pour les produits issus du sud. Cette action devra redynamiser les économies des pays du Sud qui aura pour impact la création d’emplois à plusieurs niveaux.

- Participer à la formation des futurs cadres des pays du Sud. Pour mettre en valeur les ressources économiques, il y a des préalables dont le plus urgent est la formation des ressources humaines. Cette formation doit faire l’objet d’un appui consistant des pays du Nord pour soutenir les pays pauvres à former des cadres destinés à décoller les secteurs d’activité. Cet appui devra faire l’objet de mise en place de structures de formation diverses qui prendront en compte la redynamisation des différents secteurs d’activités. Ainsi des compétences certaines émergeront dans tous les pays du Sud et freineront la ruée des jeunes des pays du Sud vers l’Occident

- Instaurer la bonne gouvernance ; l’utilisation judicieuse des ressources économiques, la gestion transparente des Etats, la mise en place d’équipes élues par les populations tendront vers la bonne gouvernance. Celle-ci génère de nombreux avantages car elle instaure la paix et la sécurité sociale, elle permet de redistribuer équitablement les ressources des Etats du Sud. En un mot, la bonne gouvernance lutte contre la pauvreté.

- Les gouvernants des pays du sud doivent unanimement se lancer à la quête de cette bonne gouvernance ; Les nombreux conflits civils et militaires accélèrent le processus d’émigration. Lutter contre l’émigration c’est aussi éradiquer les conflits dans les pays du Sud. La bonne gouvernance signifie aussi une diminution considérable des dépenses de fonctionnement qui engloutissent la plus large part des budgets des états sous-développés au moment où une bonne partie de la population a des difficultés pour satisfaire les besoins vitaux : alimentation, scolarisation , santé.

La presse a aussi une grande partition à jouer dans la quête de solutions contre l’émigration. Elle doit :
- diffuser des informations objectives sur les réalités de l’émigration
- relater les difficultés que vivent les émigrés dans les pays du Nord, leur entassement dans les foyers, le manque d’hygiène, les difficultés pour acquérir des permis de séjour.
- Passer très souvent la parole à des témoins objectifs d’émigrés pour relater à la force du monde les vrais problèmes liés à l’émigration d’aujourd’hui. Le rôle de la presse constitue à coup sûr une campagne de dissuasion contre l’émigration. La presse des pays du Sud sera au devant de la scène pour jouer ce rôle sensibilisateur. Cette presse des pays du Sud devra bénéficier d’un appui pour renforcer sa capacité d’intervention.

- Les solutions à long terme

L’enseignant ayant la lourde mission de former les générations de demain éventuellement les futurs candidats à l’émigration ne peut s’empêcher d’être un acteur dans ce combat de lutte contre les flux migratoires. Ainsi l’enseignant contribuera efficacement à lutetr contre tous les fléaux , notamment l’émigration, notamment en :

- insérant dans l’enseignement des thèmes qui prendront en charge la sensibilisation sur l’émigration. Bien sûr, cela ne pourra se faire qu’après une autorisation des pouvoirs publics en charge de l’éducation dans les pays du Sud. Si de tels thèmes sont insérés dans le programme scolaire, depuis les petites classes jusqu’au niveau supérieur, des générations futurs seront assez averties pour prendre conscience des différents inconvénients que peut comporter l’émigration

- instaurant des réflexions dans le cadre des cellules pédagogiques à tous les niveaux pour cultiver une stratégie harmonisée dans le but de mieux prendre en charge la question

- organisant des séances d’exposition et de conférence en milieu scolaire pour une bonne sensibilisation de la communauté éducative

- formant des jeunes étudiants à jouer des sketches pour mieux étendre la sensibilisation jusque dans les familles. Le théâtre, surtout le théâtre populaire, est un véritable support de sensibilisation. Si les acteurs sont essentiellement constitués de jeunes, le message pourra donner plus d’impact chez les parents. L’analphabétisme étant une réalité dans les pays du Sud, l’action des jeunes apprenants dans les familles peut changer des comportements et des préjugés.

Malem-Hodar, avril 2009