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Biotechnique 1998 - 1999
Article mis en ligne le 28 octobre 2012
dernière modification le 18 décembre 2013

par Jean-Paul Sprumont

[|BIOTECHNIQUE 1998 - 1999|]

[|A. Alexandre
|]
[|.|]

[|B. Louis|]

Suit une formation de géomètre.

[/(Comm. Céline François, 9/10/2004)/]

[|C. Isabelle|]

Diplômée institutrice maternelle de la HEB Defré avec distinction.

Isabelle exerce son métier au C.S. « Pré des Agneaux »

Maman d’un petit William.

[/(Comm. Pers. - 4/7/11)/]

[|D. Thibault|]

[|G. Bénédicte|]

Bénédicte travaille comme ergothérapeute et psychomotricienne avec des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Elle est aussi spécialisée en psychogériatrie et maître en psychomotricité (ce qui lui permet de donner ce cours en maternelle). Et s’est mariée début juillet 2011 et est maman d’un petit Théo depuis le 10 décembre 2013.

[/(Comm. pers, 21/9/13), FB 18/12/13/]

[|H. L. Phi To Phuong
|]

[|M Jessie|]

1999

Après avoir terminé sont graduat en informatique avec distinction (2003, Jessie a fait deux intérims avant de trouver une place de développeur Web chez Touring, début 2004. On peut voir son oeuvre : http://www.touring.be.

Elle est également en contact avec ViaMichelin, en France, pour la recherche d’itinéraire, plan de ville et Guide hôtel & camping.

Jessie s’est mariée le 2 juillet 2005 avec Roger Vercruysse, aussi un ancien de la section. Ils ont construit à Courcelles où ils viennent d’emménager en ce début juillet 2007

[/(Com. Pers., 05/07/07)/]

[|M. Georges|]

[|S. Matthieu
|]

Matthieu, après avoir étudié la kiné au « Parnasse – Deux Alices » a décroché ses diplômes et d’ostéopathe. Après avoir travailler quelques mois en Belgique (fin 2005), il est parti pour trois mois en Inde. Actuellement, il est installé en Suisse où il travaille pour le CHUV de Lausanne. Papa d’un petit Timéo depuis novembre 2012.

[/(Comm. pers., 11/2012)
/]
[|S. Magali|]

Magali est installée à Forest et travaille comme Webdesigner .

[/(Comm. perso, mai 2013)/]

[|V. R. Marc|]

Gradué technologue de de laboratoire A1, diplômé de la HEB (De Mot – Couvreur)

Employeur : Laboratoire LBS. technicien de laboratoire analyse médicales

[/(Comm. pers., 26/04/08 et facebook, 28/10/13)/]


En sixième :


Et avec les cinquièmes


Les mêmes, et quelques autres, en quatrième.

[|Premier stage bio au Québec. Le récit...

HEUREUX QUI, COMME JACQUES CARTIER, A FAIT UN BEAU VOYAGE...
|]

1. Introduction.

Cela faisait bien trois ans qu’on en parlait, voici déjà un an que la décision fut prise, et il fallut encore dix mois pour concrétiser la chose. Quoi cela ? Mais le
voyage d’étude des cinquième et sixième biotechniques au Québec, pardi !

lls furent bien chanceux, comme on dit dans la Belle Province, ceux qui firent cette découverte. La plupart ne songent d’ailleurs qu’à une chose : y retourner au plus vite, tant le pays est superbe et les Québécois accueillants. Accueillant est d’ailleurs un mot bien faible : ils se sont coupés en quatre pour faire de notre voyage une pleine réussite et nous ne sommes pas près d’oublier Véronique, Martine, Jean-Pierre, Esteban, Daniel et bien d’autres, leur chaleur humaine et leur efficacité.

Pour les participants, surtout ceux qui se sont engagés à fond dans l’aventure dès octobre, cela restera un souvenir inoubliable. De la brocante au car-wash, du marché de Noël au souper-contes, sans oublier la marche parrainée, ce furent autant d’occasions de se découvrir sous un autre angle. On ne considère plus les élèves de la même façon, les relations hiérarchiques s’estompent, se diluent dans les relations humaines, un peu comme si quelque chose du caractère québécois s’était doucement insinué en nous, C’est en tout cas ainsi que je le ressens, et je pense que mon analyse sera partagée par beaucoup.

Mais trêve de bavardages, passons au reportage...

2. Le grand départ.

Mardi 4 mai. Après avoir donné ou suivi tant bien que mal ses trois premières heures de cours, chacun entame une course frénétique. C’est qu’il faut aller chercher ses bagages, manger un petit morceau, et foncer jusqu’à l’aéroport, quand ce n’est pas encore se procurer une paire de chaussures pour certains... Tout cela en moins de trois heures. Ce sont alors les formalités diverses, les adieux déchirants (?) aux amis et parents présents, et le passage de la frontière. Là, on nous fait quelques misères et la bêtise administrative s’étale dans toute sa splendeur. Palabres, coups de téléphones, discussions, ... Finalement, tout le monde embarque, mais les accompagnateurs ne sont tout de même pas trop rassurés. Devrons-nous abandonner une élève dans le hall de transit de l’aéroport au retour ?

Le vol s’effectue alors sans encombre. Anvers est dépassé. Puis, c’est la Grande-Bretagne, l’lrlande et l’Atlantique. Entre deux regards par le hublot, nous n’arrêtons pas de grignoter. Enfin, l’Amérique approche. C’est la région de Terre-Neuve. L’océan est encore pris par les glaces et c’est un impressionnant spectacle de banquise figée qui s’offre à la vue. Après, c’est la remontée du Saint-Laurent et l’atterrissage quelque peu énergique sur la piste de l’aéroport de Montréal, portant le doux nom de Mirabel. Le paysage fait penser aux Hautes Fagnes : des conifères, des bouleaux, des étendues d’herbes roussies, ... Il est plus de 18 h., heure locale, et la température est
encore de 27°C. Et on nous avait dit de prendre de gros pulls !

Les opérations de débarquement s’avèrent assez rapides et, ici, les douaniers sont souriants. Le car nous attend devant l’entrée et le court trajet vers l’hôtel nous permet une première découverte de la région montréalaise. Le chauffeur se montre causant. La chaleur exceptionnelle pour la saison, la sécheresse,
l’hiver, le Kosovo, l’Europe, ... Tout est bon pour alimenter la conversation. Mais voici l’hôtel. Il s’avère confortable. L’air conditionné est il est vrai un peu
bruyant, mais au moins les chocolats amenés de Belgique pour nos hôtes garderont un aspect correct.

Et c’est là que, tout d’un coup, le dépaysement s’installe. Vous n’imaginez pas le temps qu’il faut pour arriver à faire fonctionner correctement une douche
quand il s’agit d’une installation québécoise, ou la surprise que l’on ressent lorsqu’on se trouve pour la première fois devant un WC local. Les toilettes locales sont aux commodités belges ce que le Saint-Laurent est à la Meuse. Tirer la chasse consomme 23 litres d’eau. C’est tout dire. Enfin bref, tout cela nous fait comprendre que nous ne sommes pas vraiment chez nous ici.

Un rapide petit tour dans le quartier clôture notre journée. Bien qu’il ne soit que 22 h., cela fait pour la plupart d’entre nous plus de 20 heures que nous
sommes debout. C’est avec un plaisir non dissimulé que nous nous enfonçons dans un profond sommeil.

3. Montréal et la Biosphère.

Décalage horaire aidant, beaucoup sont réveillés avant que la réception de l’hôtel ne fasse sonner les téléphones. Et à 8 heures, c’est notre premier petit
déjeuner local. Il ne nous laissera pas un souvenir impérissable, les croissants relevant plutôt de l’insulte à la pâtisserie française. On fera mieux par la suite.

Et nous voilà partis, les unes au consulat de Belgique pour régler les problèmes administratifs en suspens, les autres pour suivre le blanc panache de monsieur Huybrechts dans la ville de Montréal : le métro, le vieux port, quelques anciens quartiers, la cathédrale Marie - Reine - du - Monde, la ville
sous la ville. .. Rien ne lui semble étranger, La matinée passe de la sorte très
vite. Il est déjà midi et chacun reçoit quartier libre, le temps de casser la croûte avant de commencer les visites plus scientifiques. A 13 h, en route donc pour l’île Sainte-Hélène et la Biosphère, cet étrange diamant qui y trône.

La Biosphère, c’est d’abord un chef-d’oeuvre architectural d’Expo ’67, l’ancien pavillon des Etats-Unis. Mais c’est aussi, depuis 1995, le premier centre canadien d’observation environnementale. Ce fabuleux monument est dédié à l’eau, et tout spécialement aux écosystèmes du Saint-Laurent. Suivez le
guide...

En l’occurrence, la guide, qui s’avère intarissable sur le sujet. Elle nous explique l’eau nécessaire à toute vie sur la planète, molécule voyageuse qui ne cesse de circuler et de se recycler. Nous découvrons aussi que le Canada possède 20% des réserves d’eau douce disponibles sur la planète et que le Saint-Laurent et les Grands Lacs abreuvent pas moins de 40 millions de personnes. On ne voudrait pas vous noyer sous les chiffres, mais sachez tout de même que le Québécois consomme 350 à 400 litres d’eau par jour et par personne - quasi le double des Européens - et que rien qu’une chasse d’eau en utilise ici 20 litres. On s’en était rendu compte !

Pour nous faire comprendre et admettre nos responsabilités, on nous plonge dans un spectacle multimédia intitulé "Mission Bios H2O ", sorte de voyage spa-
tio-temporel dans le Saint-Laurent en compagnie de quelques sirènes et génies des eaux de plus en plus rongés par les pollutions au fil des siècles. Beurk !

Pour nous remettre, face à une vaste mappemonde, ce sont à présent les phénomènes appelés "El Niño" et "La Niña" qui nous sont expliqués. Grâce à
diverses études, nous savons que les mouvements des masses d’eau océaniques sont dus à des différences de température, ainsi qu’aux alizés, ces vents qui soufflent dans la région de l’équateur. Suite à l’action de ces derniers, la surface de l’océan est en pente, plus élevée à une extrémité du Pacifique qu’à l’autre.

"El Niño ", c’est un phénomène qui se produit tous les 2 à 7 ans. Le courant de surface se ralentit, les eaux froides riches en nutriments ne remontent plus en
surface, et le poisson disparaît des régions côtières sud-américaines. Par contre, la pluviosité augmente, entraînant inondations et ouragans. A l’autre extrémité, du côté de l’Indonésie, l’inverse se produit. Les eaux froides remontent, l’évaporation à partir de l’océan diminue, la sécheresse et les incendies de forêts se développent.

Quant à "La Niña", c’est la petite soeur d"’El Niño ". Il s’agit en fait du phénomène inverse. On observe une plus grande remontée des eaux froides du côté du Pacifique Est et les vents soufflent violemment. On ne connaît pas réellement les causes de ces deux phénomènes.

Notre visite continue de s’écouler de salle en salle, d’aquarium d’eau de mer au musée interactif, du centre d’information à aux ordinateurs. Nous profitons
même d’un bassin gréco-romain pour tremper nos pieds endoloris et nous relaxer en écoutant le chant berçant des vagues. Enfin, notre guide nous demande de nous mouiller quelque peu dans des activités de découvertes concernant l’évolution de la pollution du Saint-Laurent. Le tableau dressé est
encourageant.

Voilà une visite bien intéressante et on peut dire que le site de la Biosphère est une oasis de à deux pas du centre - ville de Montréal. Il offre mille et une façons d’agir activement pour l’amélioration des écosystèmes. Pourquoi ne pas passer à l’action ?

L’après-midi s’étant ainsi écoulée, chacun vaque à ses occupations : magasinage pour la plupart, promenade sur l’île Sainte-Hélène et découverte de la faune locale, des peu farouches écureuils aux facétieuses marmottes jouant à cache-cache avec le photographe.

Après le souper, car au Québec comme chez nous, on soupe le soir, madame Huybrechts lance l’idée - oserais-je dire lumineuse - de monter à l’assaut du
Parc du Mont-Royal, d’où, paraît-il, la vue est superbe. Nous voici donc en route pour découvrir un parc plongé dans le noir profond. Rien ne nous arrêtant, nous escaladons le sentier chaotique semblant mener au sommet, tout en trébuchant et proférant moult jurons. Tant bien que mal, nous atteignons de la sorte, si pas le point le plus élevé de la colline, du moins un belvédère. La ville s’étale sous nos pieds, brillant de tous ses feux. Au loin, la tour inclinée du parc olympique nous indique le lieu de la visite du lendemain...

Mais là, consternation... Alors que nous sommes perdus dans l’admiration béate du spectacle, Matthieu constate avec effroi que là, au loin, une lampe brille : celle de sa chambre qu’il a oubliée d’éteindre. Nous voici contraints de dévaler la pente à toutes jambes, les secouristes transportant tant bien que mal les éclopés, et de nous engouffrer dans le métro, ... Ouf ! Le personnel de l’hôtel n’a rien remarqué. Et puis, de toute façon, ce n’était pas la lampe de la chambre de Matthieu qui était restée allumée, mais la vitrine du dépanneur d’à-côté. Que voulez-vous, tout le monde peut se tromper.

4. L’est de Montréal.

Notre deuxième journée montréalaise nous mène sur le site des anciens jeux olympiques. Biodôme, tour inclinée, insectarium et jardin botanique vont nous
occuper tout ce jeudi. Le rendez-vous est fixé devant l’entrée du Biodôme et c’est avec un gros "ouf !" de soulagement que nous apprenons que les problèmes de papiers de Carine sont réglés et que notre retour à Bruxelles ne sera pas "agrémenté " par la visite d’un quelconque centre fermé. En route donc pour les quatre écosystèmes du Biodôme.

a. Le Biodôme.

Au Biodôme sont présentés quatre grands écosystèmes que nous pouvons rencontrer sur le continent américain.

a.1. La forêt tropicale.

A peine débarqués, nous pénétrons dans la forêt tropicale mature. Tandis que des hordes de petits sauvages, très jeunes élèves québécois, hurlent dans les
allées, suivies de hordes à peu près aussi bruyantes de touristes japonais, les paresseux pendent accrochés aux arbres et au plafond. Un capybara, le plus
gros rongeur au monde, qui en a déjà vu d’autres depuis qu’il a élu domicile ici, nous observe discrètement. De chaque côté du sentier, deux espèces de
tamarins dorés viennent et vont. Menacés d’extinction, ils font l’objet d’un programme international de conservation et se reproduisent ici.

Tandis que le calme revient doucement sous les frondaisons de la forêt tropicale, nous nous intéressons aux poissons. Les piranhas, tétras et cichlidés ne sont plus à présenter. Mais connaissez-vous le tambagui ? Ce petit délicat profite des crues pour s’en aller nager en forêt, à la recherche de fruits tombés. Les graines en sont toxiques, mais passent intactes à travers son système digestif. Ce poisson contribue de la sorte à assurer la dispersion des graines. Tant qu’on en est à parler des espèces un tant soit peu aquatiques, mentionnons les dendrobates, ces petites grenouilles aux vives couleurs, les anacondas et les caïmans immobiles, mais bel et bien vivants.

La traversée d’une grotte artificielle nous met en présence de quelque 350 chauves-souris, volant au-dessus de nos têtes sans jamais rien heurter, grâce à leur radar perfectionné. A la sortie, cela vaut la regarder vers le haut : de superbes aras hyacinthes, les plus grands perroquets au monde nous regardent du haut de leur grandeur. Ils se sentent au biodôme comme chez eux. En effet, petite prouesse quand on pense à l’hiver canadien, les conditions climatiques sont stables ici, semblables à celles du Costa Rica pendant la période la moins pluvieuse.

a.2. La forêt laurentienne.

Nous quittons un peu à regret la forêt tropicale pour pénétrer dans une autre, plus fraîche sans doute, mais plus en rapport avec le sujet de notre voyage :
la forêt laurentienne.

Une forêt, au cours de sa vie, se transforme et passe par une série d’étapes pour atteindre son équilibre :

* Sa tendre jeunesse ...

Les espèces pionnières, dans le cas qui nous occupe les framboisiers, les bouleaux et les peupliers trembles, sont les premières à s’installer. A croissance rapide, ces végétaux exigent souvent beaucoup de soleil et vont dépérir au fur et à mesure que la forêt devient plus dense. Les espèces d’ombre tel que l’érable et le hêtre dans certaines zones, les épinettes et les
sapins dans les régions plus fraîches, s’établissent doucement dans le sous-bois. Bientôt, elles dépasseront les espèces pionnières et les remplaceront complètement.

* La force de l’âge...

Au dernier stade de la succession, pendant cette période de stabilité, des individus naissent et meurent, mais la composition de la forêt se maintient.

* Le retour en enfance...

Dès qu’une perturbation importante (épidémie, incendie, coupe forestière,... ) trouble l’équilibre, la forêt retourne au berceau, les espèces réapparaissent et
le cycle recommence.

Dans la forêt laurentienne, les conifères sont équipés pour braver le climat nordique. Leurs aiguilles à la surface réduite leur permettent d’éviter l’accumulation de neige, tandis que la pellicule cireuse qui les recouvre les empêche de se dessécher trop vite lorsque souffle le vent. Leur couleur sombre les aide à accumuler la chaleur du soleil et, toujours vertes, elles peuvent déclencher la photosynthèse dès que les conditions sont favorables.

Mais dans la forêt laurentienne, il n’y a pas que des végétaux. Touchez donc la vitre de cet aquarium. Est-il tempéré ? Les poissons qui s’y trouvent fréquentent des lacs s’échauffant assez en été. Est-il froid ? Voici les espèces des eaux vives et fraîches. Plus loin, les loutres, assez promptes à faire la sieste, nous font le plaisir de nous amuser de leurs cabrioles dans leur "rivière". C’est un spectacle merveilleux que nous offrent ces moustachus ! lci, c’est le barrage des castors. Eux, ils dorment vraiment. On ne les voit pas,
mais comme ils sont accueillants, ils hébergent garrots à oeil d’or, porcs-épics, lièvres, tortues et grenouilles dans leur enclos. Quelques-uns de leurs hôtes se laissent voir. Et là, cachés dans une sapinière, le lynx nous observe...

A chaque saison, la forêt laurentienne change de visage, les conditions climatiques dans le Biodôme changent au fil des saisons, comme en pleine nature.

a.3. Le Saint-Laurent marin.

Nous voici à présent dans la salle suivante pour un petit voyage aquatique.
Le Saint-Laurent est un des plus grands fleuves du monde. Il fait 25 km de largeur par endroits et, au cours de ses 3000 km de long, il nous dévoile un paysage continuellement renouvelé.

Passer par là fut une bonne occasion d’observer morues, saumons, goberges et bars rayés,... qui peuplent l’estuaire du Saint-Laurent. Plusieurs oiseaux nichent dans les marais salés. D’autres s’y reposent durant leurs migrations.

Les falaises de granit sont typiques de cet écosystème marin. Le littoral est donc rocheux et renferme de merveilleux trésors naturels. Les holothuries, encore appelées concombres de mer, les étoiles de mer, les oursins, les homards, les anémones de mer... ne manquent pas à l’appel. Elles se trouvent bien ici : les conditions climatiques sont plus clémentes qu’en nature. L’eau salée est maintenue à 1O°C, les tempêtes sont inexistantes et les gourmets, foi de homard canadien, sont tenus à distance !

a.4. Le monde polaire.

La dernière section du Biodôme est hybride. D’un côté sont présentés les
oiseaux de I’Arctique, cet océan gelé. De l’autre côté, ce sont ceux qui
peuplent les îles et rives de l’Antarctique, continent recouvert de glace, qui s’offrent au regard.

Du côté arctique, nous trouvons des oiseaux appartenant aux Alcidés, la famille des pingouins. Leur vol est maladroit - cela tient du fer à repasser volant - mais ce sont d’excellents plongeurs. Le milieu reconstitué ici respecte les durées d’éclairement que l’on trouve au Labrador, mais la température y est plus douce qu’en réalité. Le club’Med des pingouins en quelque sorte.

Du côté antarctique, ce sont les manchots qui se dandinent. On les confond souvent avec leurs cousins du Nord, mais il ne s’agit pas du même groupe zoologique, et ils sont incapables de voler. Sous l’eau par contre, ce sont de
véritables torpilles.

En sortant du Biodôme, nous nous dirigeons vers la tour inclinée. Tandis que certains n’en mènent pas large face au vide, le funiculaire nous mène à son
sommet. Le panorama sur la ville et le fleuve est superbe. La vue du quadrillage des rues et des toits plats est assez surprenante, tandis que l’oasis de verdure du jardin botanique attire tous les regards.

Mais toutes ces émotions, cela creuse. On redescend pour se nourrir à la cafétéria du Biodôme. Pas terrible, mais le choix sur le site est assez réduit.

L’après-midi est consacrée à la visite du jardin botanique et de tout ce qu’il abrite. Nous attendons patiemment le bus qui assure la navette entre les
deux sites. Il finit par se montrer, et nous embarquons pour un court voyage. Tellement court qu’on aurait été plus vite à pied !

b. lnsectarium.

Par une chaleur torride, certainement 25°C (du jamais vu pour Montréal à cette époque) , nous arrivons à l’insectarium.

Ce musée propose en plus d’une collection de milliers de spécimens d’insectes des vitrines d’exposition pour les observer dans leur milieu. A vrai dire les vitrines paraissent bien petites face à la multitude de gros insectes - des écoliers canadiens - vantant les mérites d’être sur deux pattes. Le seul retranchement possible est un film sur un original chasseur de papillons perdu en pleine nature. Qu’il y faisait calme, les écologues purs et durs de 6D ne le contesteront certainement pas. C’est donc dans un tohu-bohu inimaginable que nous avons pu visionner en désordre les fascinantes techniques de camouflage ( elles sont malignes, ces bêbêtes ), la ruche entièrement vitrée,
la bouse de vache et ses bousiers (une idée pour un prochain labo en cinquième), les phasmes dans leurs fantasmes et bien d’autres choses encore...

Un beau musée qui gagnerait à être revu dans le calme.

c. Le jardin botanique et les serres.

Havre de paix de septante-cinq hectares perdu en plein coeur de Montréal, ce jardin botanique fut fondé en 1931 par le frère Marie Victorin, botaniste de renommée internationale.

Au gré des saisons, ce jardin se transforme. Ce sont tout d’abord de magnifiques serres d’exposition que nous visitons. En suivant un sentier, on passe graduellement du désert d’Amérique du Nord avec ses cactées de toutes les formes et de toutes les grandeurs, à la forêt tropicale humide avec ses plantes épiphytes, ses fougères et ses orchidées... Un rêve pour le photographe. Les azalées, les hortensias de toutes les couleurs, les
cyclamens, les bonzais attendent sans broncher le clic-clic des appareils. Leurs sourires restent imperturbables,... Quelle leçon de vie pour les humains !

Une balade dans les jardins extérieurs nous fait rêver. Tantôt des statues géantes nous indiquent le chemin, tantôt des écureuils omniprésents nous amènent à rêvasser sur des pelouses magnifiquement bien entretenues. Les élèves rampent à qui mieux mieux vers les stars du jour. Y aurait-il échange de noisettes pour nos estomacs affamés ?

Tout proche, le jardin japonais propose un espace paisible. C’est l’endroit idéal pour méditer face au jardin Zen. Une pierre unique perdue dans une mer de
gravier défie le temps. Ici , pas de place pour le stress ; on le laisse au vestiaire.

A quelques encablures le jardin de Chine nous envoûte avec ses pagodes, son étang, ses ponts, ses fleurs ... Un délice pour les yeux, un soutien pour le
bonheur. " Qu’il est doux de vivre ici lorsque tout s’agite autour de soi !"

Fatigués, repus de nature, nous rejoignons bien tard nos quartiers.

5. Adieu, Montréal ; bonjour, Montmorency.

Notre troisième journée de visites débute par une promenade guidée dans la ville. Une guide de l’office du tourisme nous rejoint dans notre car et, durant près de deux heures, tient son auditoire en haleine. Un vrai régal.

Mais d’autres aventures nous attendent. Daniel, notre chauffeur, nous mène vers Trois-Rivières. L’autoroute s’avère assez monotone et ce n’est pas l’arrêt "fast food " qui nous divertit beaucoup. Enfin, c’est l’arrivée à Trois-Rivières ou nous allons tout apprendre, ou presque, sur l’industrie de la pâte à papier. En attendant l’ouverture du centre d’interprétation, nous profitons de la terrasse en bordure du Saint-Laurent, particulièrement large à cet endroit, pour se dérouiller quelque peu les jambes et profiter des rayons solaires.

Les p’tits papiers.

Aussitôt "rendus ", nous nous dirigeons vers le Centre d’Interprétation des Pâtes à Papier. Nous y découvrons les techniques modernes et anciennes d’exploitation de la forêt, de récolte du bois et de son traitement pour obtenir le papier. De nos jours, nous constatons que la coupe ne se fait plus de la même manière. On tente de préserver les jeunes pousses et de replanter afin d’éviter la déforestation. Mais voyons tout cela par le menu.

1. Qui a découvert le papier ?

Le premier papier, fait de fibres végétales, fut fabriqué en Chine, car, après réflexion et sans doute quelques heures de méditation, on se dit là-bas, en chinois (que je vous épargne), qu’écrire sur de la soie, c’était peut-être chic, mais un peu cher. Ceci dit, motus et bouche cousue, la méthode de fabrication mise au point en l’an 105 de notre ère par un certain Tsaî Loen, resta secrète durant des siècles. Il faudra attendre plus de 600 ans pour que le secret en question soit transmis aux Arabes par un Chinois qui n’avait que le choix de le livrer ou de passer de vie à trépas. Ce n’est peut-être pas sympa comme méthode, mais manifestement efficace. Et ce furent donc les Arabes qui eurent le plaisir d’introduire en Europe la technique de fabrication du papier artisanal. Chez nous, c’est en 1405, à Huy, que fut produit le premier papier. A l’époque, des chiffons constituaient la matière première. Comme quoi, le recyclage, ce n’est pas neuf.

2. Le papier au Canada.

Et la visite de se poursuivre sous la direction de notre guide, un rien survitaminée. Elles tiennent la forme, les guides québécoises ! Ce doit être à cause du climat... Marc a du mal à la suivre. Le climat ne lui convient pas, à lui...

Le Canada est le deuxième producteur mondial de pâtes à papier. Toutes les provinces, à l’exception de l’île du Prince Edouard, produisent de la cellulose,
mais le Québec, I’Ontario et la Colombie Britannique sont aux premiers rangs. Dans ce pays, la plus grande partie de la cellulose est transformée en papier
journal. L’industrie papetière contribue de façon non négligeable au produit national brut canadien.

3. Dans la forêt.

Les arbres sont d’abord choisis d’après leur qualité et leur âge. L’abattage des arbres se fait à la débusqueuse, sorte de grosse "machine - insecte " munie, tels certains gros scarabées, d’une énorme pince à I’avant. La coupe se réalise avec une énorme tronçonneuse ou à l’aide de ciseaux intégrés dans cette pince.

Les arbres sont ensuite transportés par une débardeuse qui doit veiller à écraser le moins possible de jeunes pousses durant son travail. A cet effet, elle doit rouler sur des pistes de trois mètres de large et est dotée d’un système de rotation à 45°.

Une fois le transport effectué, le tronc arrive à l’ébrancheuse chargée de retirer l’écorce et les branches. L’arbre, ou ce qu’il en reste, est coupé alors en billes de 1,2 m de long par une tronçonneuse, embarqué et emmené vers l’usine par de gigantesques transporteuses forestières.

4. A l’usine.

Ensuite, tout se déroule dans l’usine. Les troncs sont coupés en copeaux et ces derniers, soumis à la vapeur. Les fibres du bois se décollent et sont mélangées à de l’eau. Déposée sur une toile métallique, la pâte se sépare ensuite d’une partie de cette eau. Puis, c’est le passage entre une série de cylindres rotatifs ayant pour buts de sécher la pâte et de la lisser. Il n’y a plus
qu’à l’enrouler en de gigantesques bobines.

Il existe deux grands types de pâtes. Celle dont on vient de décrire la fabrication est qualifiée de pâte mécanique. Elle utilise plutôt le bois de résineux comme matière première et donne un papier de faible qualité (papier journal). Le rendement est élevé puisque les pertes ne représentent que 1% de la matière entrante. L’autre sorte de pâte, c’est la pâte chimique. Un certain nombre de produits vont intervenir, notamment pour éliminer la lignine, et c’est du bois de feuillus qui est principalement utilisé. Ici, c’est un papier de très bonne qualité qui est obtenu, mais les pertes sont énormes, de l’ordre de 50%.

5. Un peu d’artisanat...

Notre visite se termine par une petite surprise : des vieux journaux, un mixer, une toile métallique, quelques essuies, ... Tout ce qu’il faut pour faire soi-même son papier nous attend. C’est ainsi que nous découvrons les talents insoupçonnés de Matthieu pour fabriquer le papier et le repasser. Une grande
vocation de papetier (ou de repasseur de pantalons) est née !

Devant arriver sans faute avant 18 h. à Montmorency, nous ne pouvons malheureusement pas nous attarder. C’est dès lors avec un goût de trop peu que nous prenons la direction de Québec. C’est là que nous récupérons monsieur Esteban Dussart, un compatriote réalisant actuellement une maîtrise à l’Université Laval, et qui nous a concocté un programme pour le week-end, pardon, pour la fin de semaine.

Nous quittons les bords du Saint-Laurent pour nous enfoncer dans les Laurentides. Le paysage devient plus vallonné et des plaques de neige commencent à faire leur apparition, même si la température reste très agréable. Il a neigé plus de cinq mètres cet hiver dans ce secteur, et une telle couche ne s’élimine pas en quelques jours.

C’est par une route de terre que nous atteignons la Station Expérimentale de la Forêt Montmorency dépendant de l’Université Laval. Elle sera notre refuge au coeur de la forêt boréale durant deux jours. En même temps que notre car arrivent Véronique lemblay et Martin Simard qui nous feront découvrir tous les trésors cachés du site. Nous faisons connaissance avec eux, ainsi qu’avec Jean-Pierre Collin, le responsable de la station, qui sera lui aussi un guide
précieux.

Mais c’est déjà le moment du repas du soir. La station abritant de nombreux ouvriers forestiers et autres "hommes des bois ", tous les repas se prennent tôt. Ils s ’avèrent par ailleurs copieux, de bonne qualité et très reconstituants. Après, c’est l’installation dans les chambres. C’en est fini du confort douillet de l’hôtel. lci, cela ressemble plus à une auberge de jeunesse, si ce n’est que les chambres sont prévues pour deux personnes, et, ma foi, confortables.

Vers 20 h., tout le monde se retrouve autour d’un feu de bois, allumé de main de maître par Martin. Jean-Pierre vient nous présenter le domaine, son climat, son écologie, sa faune, sa flore, la protection contre les incendies, les sortes de raquettes utilisées pour se déplacer en fonction du terrain,... Il est intarissable ! Et la soirée se termine par une surprise. Un ours noir, un jeune mâle ni agressif ni très farouche, a repéré les poubelles du centre et nous rend une sympathique visite. C’est un long face-à-face qui se déroule entre nous et le plantigrade. Cela reste sans nul doute un moment fort du voyage.

L’observation des étoiles prévue pour 22 h. s’avère par contre peu praticable, le ciel étant assez nuageux. La Grande Ourse se laisse deviner ; une étoile filante passe... Nous ne sommes que quelques-uns, au bord du lac Piché à parler à voix basse des aurores boréales parfois visibles jusqu’ici, et à écouter les rainettes chanter malgré la glace qui occupe encore une grande partie de la surface de la pièce d’eau. Mais il se fait tard, et il est grand temps d’aller dormir.

6. Sport, flore et météo.

En ce samedi, la journée débute par un "petit déjeuner de bûcherons ". oeufs, légumes, saucisses, rôties, fruits, yaourt, jus de fruits, café, thé, confiture,... Surprenant sans doute pour un Européen, mais on vous assure qu’après cela on ne manque pas d’énergie pour passer la matinée. Et de l’énergie, on en a
bien besoin pour la découverte de la marche avec raquettes, et de la flore locale par la même occasion.
Nos amis québécois espéraient faire le relevé du répertoire des jurons belges, mais, tabernak , ils en furent pour leurs frais. Finalement, on se débrouille
assez vite avec ces engins bizarres. Les "biotechniques " sont donc arrivés à innover même en sport, chose peu évidente à Saint-Julien. Cela ravira certainement leurs professeurs d’éducation physique.

a . La forêt.

La forêt Montmorency se situe à 75 kilomètres au nord de Québec, à une altitude tournant autour des 900 mètres. Une agréable promenade en raquettes nous a permis de faire connaissance, grâce à nos guides, de quelques espèces peuplant la région.

Ainsi, le sapin baumier se distingue aisément grâce à ses épines plates et
blanches sur la face inférieure, ainsi qu’aux "verrues" remplies de résine (le
fameux baume du Canada utilisé en microscopie). Les aiguilles du sapin sont réparties sur le rameau en deux rangées formant un plan horizontal. Les épi-
nettes, autres conifères, proches des épicéas, possèdent des aiguilles rondes implantées tout autour de la branche. Nos guides nous ont appris à différencier
ces essences. Il suffit de faire rouler une aiguille entre les doigts. Si celle-ci roule facilement, c’est sûrement une épinette. Si l’aiguille ne roule pas, c’est un sapin. Et pour différencier l’épinette noire de l’épinette blanche ? C’est la présence de petits poils rouges sur les branches de la première qui sera un des critères.

Ces espèces doivent régulièrement faire face aux ravages de la tordeuse, papillon dont les chenilles s’attaquent aux bourgeons des conifères. Un volume
de 44 millions de m³ a été ainsi perdu ces dernières années à cause de l’insecte. Dans le cycle naturel cependant, ces destructions permettent à la forêt de se régénérer naturellement. Il en va de même des incendies, indispensables pour que les graines d’épinettes noires puissent germer.

Autre arbre remarquable : le bouleau blanc, espèce très présente et caractérisée par son écorce, très blanche sur les arbres matures et se détachant en larges bandes. La forêt Montmorency est une sapinière à bouleau, exploitée pour la fabrication de la pâte à papier et l’obtention de bois de construction. Contrairement à bien d’autres forêts, celle de Montmorency est gérée de manière à la préserver au mieux.

Les émotions, cela creuse ! Autant dire que nous faisons honneur au deuxième repas pantagruélique de la journée avant d’aborder une après-midi un peu
plus reposante.

b. La station météorologique.

La région présente ici un microclimat particulier. Les chutes de neige y sont particulièrement abondantes en hiver, et pour tout dire, le climat y est en
général plutôt frais. La végétation est d’ailleurs celle de la forêt boréale, équivalente à la taïga sibérienne ou scandinave. Une station météorologique y
est installée.

Celle-ci, même si elle est en partie automatisée, ne peut se passer de la présence humaine. Il n’y a que l’homme qui peut dire, lorsque la température frôle le 0’C si ce qui tombe est une petite pluie ou de la fine neige. En outre, il faut bien relever les différentes données enregistrées par les appareils présentant le suffixe "-graphe ". En effet, dans ce cas, il y a enregistrement en continu de données. Si vous lisez ici plus bas le suffixe "-mètre ", c’est qu’il s’agit d’instruments ne permettant qu’une lecture ponctuelle.

Dans le quadrilatère du parc météorologique, nous observons notamment :

- Un thermomètre à maxima, mesurant la température la plus chaude. Dans son capillaire, il possède une petite pièce qui va être poussée vers le haut par le mercure, mais ne peut redescendre spontanément avec celui-ci.

- Un thermographe, enregistrant les variations de température au cours d’une journée.

- Un hygromètre, permettant, d’évaluer l’humidité de l’air grâce à la comparaison des données fournies par deux thermomètres : l’un dont l’extrémité est maintenue humide ; l’autre étant un thermomètre sec.

- Un héliographe, enregistrant la durée d’ensoleillement grâce à une boule de verre concentrant les rayons du soleil et brûlant un papier disposé derrière.

- Un anémomètre, servant à mesurer la vitesse du vent. Les plus courants sont
composés de trois ou quatre coupelles attachées à de petites tiges fixées à
angle droit sur un axe vertical, Lorsque le vent souffle, le système se met à tourner et le nombre de tours effectués par minute est traduit en vitesse du vent par un appareil similaire à ceux du compteur de vitesse d’un véhicule. La vitesse du vent peut également être mesurée par la pression exercée par l’air soufflant dans un tube de Pitot (tube en forme de " L " dont une extrémité est ouverte vers le flot d’air et l’autre fixée à un appareil qui mesure la pression), ou encore électriquement, par l’action refroidissante du vent sur un fil chauffé, ce qui modifie la résistance électrique du fil.

Après un temps libre bien mérité, le souper nous attend, avant de faire une dernière petite sortie récolte d’échantillons et régénération de la forêt après une coupe. Quant à la partie sérieuse de la soirée, elle sera consacrée à la projection du film "l’erreur boréale ", suivie d’un petit débat.

c. Massacre et protection de la forêt.

Le film, qui a déclenché des débats passionnés au sein de l’opinion publique canadienne, et les informations apportées par nos hôtes, tout particulièrement
Véronique, nous ont permis de nous faire une petite idée sur la difficulté de gérer la forêt québécoise de façon durable.

L’habitude par ici est de réaliser des coupes à blanc qui abîment fortement la forêt. Les cycles naturels sont fortement perturbés : l’ensoleillement au sol augmente brutalement, la nappe phréatique inutilisée du jour au lendemain par les arbres remonte, ... En outre, les engins utilisés écrasent tout sur leur passage, empêchant de la sorte la régénération naturelle, même si des techniques récentes tendent à réduire ce genre de dégâts. Les retombées sont également dramatiques pour la faune brusquement privée de ressources et d’habitat. Depuis quelques temps, des techniques de déboisement ont été mises au point afin de protéger cette régénération. Après une mise à blanc, l’Etat oblige les firmes à replanter deux arbres pour chaque exemplaire abattu. Malheureusement, les personnes engagées pour réaliser les plantations
de jeunes pousses sont souvent peu formées et mal payées. Le gouvernement établit également des plans d’exploitation sur 150 à 200 ans avec les sociétés et leur décerne des "contrats d’Aménagement et
d’Approvisionnement forestier) et instaure des quotas de coupe. Ces mesures devraient normalement garantir un apport durable de bois.

Elles sont cependant très critiquées par un certain nombre de spécialistes : l’Etat soutient avoir pris en compte tous les imprévus possibles dans leurs calculs de quotas. Mais peut-on prévoir les températures et le climat pour les 200 ans à venir quand on ne sait pas prévoir le temps trois jours à l’avance ? Comment aussi prévoir les incendies, les dégâts de la tordeuse,...

Les études menées à Montmorency tendent à montrer que la coupe sélective des résineux est suivie assez rapidement par la mort des bouleaux restés en
place. La régénération naturelle profite plutôt au sapin, au détriment des épinettes. Actuellement, on tend à diviser la forêt en trois types de boisements : jeune, d’âge intermédiaire, et à maturité. De plus, on applique la technique des coupes en mosaïque. Elles sont faites sur des parcelles plutôt réduites et respectent au maximum les courbes du terrain. Point ici de grands quadrilatères déboisés. L’aspect paysager est donc aussi pris en compte.

7. Dimanche, jour de repos.

Enfin, pour ceux qui le souhaitent. Certains rechaussent leurs raquettes pour une nouvelle promenade dans les environs, tandis que d’autres s’adonnent
avec acharnement au tennis de table. Nous allons aussi tous saluer l’ours qui s’est fait piéger durant la nuit. Il commençait à faire un petit peu trop de dégâts, si bien que le Service de la Faune est venu le capturer pour aller le relâcher cinquante kilomètres plus loin, à l’écart de toute poubelle par trop alléchante. Cela ne lui plaît malheureusement pas trop de se retrouver ainsi enfermé dans son tonneau métallique à roulettes. C’est d’ailleurs avec beaucoup de précautions que le personnel du centre viendra lui offrir son
porridge du midi. Les professeurs s’intéressent de très près au piège et prennent de nombreuses notes. Sait-on jamais. cela pourrait toujours servir pour quelque élève récalcitrant.

L’après-midi se passe entre promenade, volley, causettes, bronzette et observation de l’avifaune fréquentant les mangeoires du Centre. Il est ainsi très rapidement 17 h., le moment de faire nos adieux à Véronique et Martin. On leur promet de leur écrire et on les invite à visiter notre "plat pays ".

La soirée sera récréative, animée par Jean-Pierre qui possède décidément plus d’un talent dans son sac, et se passe dans la bonne humeur. Mais, ce soir, il nous faut nous coucher tôt. Le lendemain sera notre plus longue journée, celle qui devrait nous permettre d’observer les baleines.

8. Des rorquals au sirop d’érable.

Levés dès potron-minet, nous dévorons notre dernier petit déjeuner de bûcheron avant de prendre congé du centre et de son personnel. Durant la nuit, le climat a changé du tout au tout. Un vent froid et soutenu balaye la forêt, emportant des tourbillons de neige. Les gros pulls vont enfin servir !

Comme d’habitude, nous attendons les retardataires, c’est-à-dire les profs, et nous prenons la route vers Tadoussac. Le paysage est varié et agréable, mais la plupart roupillent et n’en profitent donc pas. Après un petit arrêt à Baie-Saint-Paul, village installé dans un cratère creusé il y a bien longtemps par un météorite, nous atteignons Baie-Sainte-Catherine où nous embarquons dans le traversier qui assure la liaison avec Tadoussac situé sur l’autre bord du fjord du Saguenay. Le spectacle est impressionnant.

La journée s’apparente de plus en plus à une course contre la montre. Nous nous précipitons vers le Centre d’lnterprétation des Mammifères Marins, ne
jetant qu’un rapide coup d’oeil sur le village qui en mériterait manifestement bien davantage

a. Le centre d’interprétation des baleines.

Arrivé au CIMM (Centre d’interprétation des mammifères marins), un guide sympathique nous accueille et nous propose de visiter le centre par nous-mêmes.

Durant la visite, nous pouvons nous familiariser avec les mammifères marins du monde et particulièrement du Saint-Laurent. Nous pouvons observer des squelettes, écouter les bruits produits par les cétacés dans l’eau, comparer notre ouïe à la leur et à celle d’autres animaux. Nous nous exerçons aussi à identifier les animaux en observant l’aspect d’une queue ou d’un dos. Et puis, un petit concours élèves de biotechnique contre béluga. Qui retiendra le plus longtemps son souffle ? Ridicules, ces mammifères terrestres bipèdes ! On en rigole encore dans le Saguenay.

Ils ont oublié, les bélugas, qu’ils eurent des ancêtres mammifères terrestres retournés à la vie aquatique voilà 40.000.000 d’années. Il en a résulté de remarquables adaptations morphologiques et physiologiques : la silhouette est devenue hydrodynamique, une nageoire caudale battant l’eau verticalement s’est développée, les poils ont fortement régressé, le pavillon des oreilles a disparu, le museau s’est fuselé, les membres postérieurs ont disparu, les membres antérieurs se sont transformés en espèces de nageoires. le nez a migré au sommet du crâne. Et ils ont beau rire, les bélugas. ce ne seront toujours pas eux qui pourront venir apprendre l’anglais à Saint-Julien.

Le gigantisme des espèces polaires s’explique par la recherche d’un meilleur rapport surface / volume afin de diminuer les pertes de chaleur. L’homéothermie est en outre assurée par une épaisse couche de graisse parcourue par des artères pouvant assurer la dissipation de la chaleur du corps en cas de nécessité. A propos de la couche de graisse, toute comparaison avec un quelconque enseignant serait malvenue.

On nous fournit aussi de nombreuses informations sur le GREMM (Groupe de recherche des mammifères marins) qui observe les mammifères marins du
Saint-Laurent depuis déjà plusieurs années et dirige aussi le CIMM.

Après cette trop brève visite, nous reprenons le traversier dans l’autre sens pour débuter notre "croisière aux baleines ".

b. La croisière aux baleines.

Durant l’après-midi, nous faisons une croisière d’exploration de la faune du
Saint-Laurent et du fjord du Saguenay. Pendant trois heures, dans le froid glacial obligeant la plupart d’entre nous à rentrer toutes les cinq minutes se réchauffer, sauf deux professeurs qui affrontent le vent au péril de leur vie, comme de vieux loups de mer. N’est-ce pas, messieurs Huybrechts et
Sprumont ? Deux jeunes mousses leur tiennent compagnie, à savoir madame Cloespin et monsieur Everaert. Mais, ma foi, parole de vieux loup de mer,
quelques autres mousses aux nez rougis tiennent aussi fort bien le coup, Et puis. ces petits nez rouges dépassant de cirés jaunes, cela met un peu de couleur dans ce paysage quelque peu maussade. Mais revenons aux mammifères aquatiques.

Bien que le béluga, la petite baleine blanche, soit abondant dans le secteur, nous n’en voyons aucun. Il est sans doute un peu timide... Heureusement, une
baleine est présente. Il s’agit d un rorqual commun, cétacé à fanons de la famille des balénoptéridés (Comme on vous le dit). Il présente une nageoire dorsale très développée et est aussi caractérisé par de nombreux sillons sur sa face ventrale. A l’état adulte, il fait 25 mètres de long. Les baleines fréquentent le Saint-Laurent car il constitue une réserve importante de nourriture, comme le plancton, les petits poissons et le krill (espèce de crevette).

A bord du bateau, une partie de la mâchoire de la baleine bleue nous est présentée. Elle est formée de plusieurs milliers de fanons, lames cornées rattachées au palais des mysticètes, et servant à filtrer le plancton. On dirait des poils de brosse !

A proximité de l’embouchure du Saguenay, on voit fort bien la différence de couleur et le sens du courant de ses eaux par rapport à celles de l’estuaire du fleuve. Tandis que les eaux venant du fjord sont plus sombres, dans les tons gris-brun, et assez agitées, celles du Saint-Laurent, plus calmes, montrent une
teinte plus bleue.

Transis, mais heureux, c’est avec plaisir que nous retrouvons Daniel et son car bien chauffé qui nous remonte vers Québec. Mais avant d’atteindre la ville,
nous faisons un tour bucolique de l’île d’Orléans. Comme il nous reste un peu de temps, notre chauffeur nous fait faire le tour de l’île chère à Félix Leclerc,
un des plus célèbres chanteurs québécois. Il y a sa stèle, et c’est là qu’il repose.

Les maisons typiques, légèrement surélevées, s’alignent le long de la route, dans un paysage très bocager où même quelques pieds de vignes s’étirent sur
les pentes bien exposées. Et c’est en traversant ces paysages champêtres que nous atteignons la cabane à sucre de l’En-tailleur.

c. Un repas en cabane à sucre,

La cabane à sucre, c’est le lieu de ralliement de tous les Québécois au printemps, quand la sève remonte dans les érables. Les Amérindiens avaient
déjà trouvé la bonne technique : la sève, appelée eau d’érable, est extraite
de l’arbre au moyen d’un petit tuyau introduit dans le tronc et est recueillie dans un seau. On prélève assez peu de sève par arbre et celui-ci va vite cicatriser. L’eau d’érable récoltée est bouillie plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que le fameux sirop d’érable.

Lors des "parties de sucre", les Canadiens usent et abusent de ce trésor liquide : on le déguste en "tire" (sucette de sirop figé sur de la neige), en boisson ou en accompagnement de plats divers. Nous avons testé pour vous : la soupe aux pois et au sirop d’érable, les flageolets sauce tomate arrosés de sirop d’érable, les oreilles de Crisse (le gras du lard frit !), les pommes de terre, les saucisses, les crêpes, bref : tout au sirop d’érable.

Pour nous aider à faire passer ce repas reconstituant, un chanteur folklorique nous interprète quelques chansons d’ivrogne (humhumhum, hahaha)... lnoubliable !

Fourbus et repus, nous rejoignons enfin notre troisième et dernier lieu de logement, non sans admirer au passage la chute de la rivière Montmorency, illuminée en cette fin de soirée. Après la chambre d’hôtel et celle d’auberge de jeunesse, ce sont ici les appartements pour étudiants qui nous abritent. Les cours sont terminés, et ces "kots communautaires " québécois constitués
d’une salle de séjour, d’une salle de bain et de trois chambres pour deux personnes sont actuellement disponibles. Nous en profitons.

9. Québec

Nous voici déjà parvenus à notre dernière journée complète dans la "Belle Province ". Nous la débutons par le petit déjeuner local, plutôt maigrichon après ce que nous avons connu à Montmorency. Le car ayant un peu de retard, nous en profitons pour faire quelques photos de groupe. Esteban nous rejoint pour passer une journée de plus avec nous, et nous prenons la direction du Musée de la Civilisation, bâtiment moderne situé dans le vieux Québec. Il est superbe et mériterait bien plus que la petite matinée que nous pouvons lui consacrer. Il est impossible de tout voir en aussi peu de temps, tant et si bien que chacun est laissé libre de découvrir ce qui l’intéresse.

Avant d’aborder la dernière visite organisée de notre séjour. c’est dans un restaurant très chic que nous allons dîner. Ensuite, nous prenons la direction de la réserve faunique du Cap Tourmente, étape importante pour la grande oie des neiges sur sa route de migration, Début mai, elle remonte vers le nord et fait longuement étape sur les rives du Saint-Laurent dans la région de Québec.

10. Le Cap Tourmente et ses oies.

Le Cap Tourmente est une réserve nationale située sur la rive Nord du Saint-Laurent, et créée afin de protéger le principal habitat de la grande oie des neiges lors de sa migration. Nous entamons la visite sous la conduite de notre guide, une autre petite vitaminée, amoureuse de la faune et de la flore, et prénommée Chantal. Elle nous présente ses amis rats musqués, écureuils, faucons, oies des neiges et autres volatiles.

Elle nous explique aussi les différents aspects de la réserve :
- la montagne boisée
- La plaine.
- Les marécages.

C’est plus particulièrement dans cette dernière partie de la réserve que nous nous promenons sur des passerelles en bois, profitant d’un poste d’observation pour admirer les vedettes du site à moins de 10 mètres. Nous observons ainsi un couple de rats musqués. Cette espèce a été importée en Europe pour sa fourrure. Le malheur, c’est qu’elle s’est échappée. Elle est à présent considérée comme une sale bête qui prend un malin plaisir à se faire écrouler les berges des rivières et à vider les étangs en creusant quelques terriers à des endroits judicieusement choisis. Certains la soupçonnent même de ricaner en admirant son oeuvre... La végétation attire aussi notre attention. Quelques Caltha, genre de renoncules des marécages épanouissent leurs jaunes corolles. Un peu plus loin, ce sont les longues feuilles de vératre qui commencent à pousser. Et à présent, voici le cor-
nichon sauvage. (Aucun élève ne doit se sentir visé).

Chantal nous explique ensuite l’histoire de ces grands anatidés que sont les oies des neiges. Lorsque Jacques Cartier remonta le Saint-Laurent en 1535, il
remarqua déjà beaucoup d’oiseaux sauvages, dont des oies grises et blanches, dans la région. La population de ces dernières semble cependant avoir connu un terrible déclin, puisque, au début de notre siècle, il n’en existait plus que 3.000. C’est alors qu’un groupe de chasseurs décide d’acquérir un terrain pour leur assurer la tranquillité lors de leur halte migratoire au Cap Tourmente. En 1916, un traité international en interdit la chasse. Ensuite, diverses mesures, comme des créations de refuges, et la protection des habitats ont été prises. Depuis, le nombre d’individus est remonté et dépasse largement les 400.000, au point qu’elle devient une menace pour l’équilibre de ses sites d’estive.

Elles nichent dans le Grand Nord, aux alentours de la Terre de Baffin où elles arrivent début juin. Quinze jours plus tard, les oeufs sont pondus, et vers la fin du mois d’août les jeunes prennent leur envol. Ils ont alors un plumage grisâtre qu’ils garderont tout l’hiver. C’est dans l’Arctique que sévissent leurs prédateurs : renards polaires, labbes, chouettes harfangs, ... Dès que les pièces d’eau commencent à geler, la grande migration d’automne débute. Par étapes, elles finissent par arriver en masse dans les environs de Québec où elles séjourneront quelques temps avant de repartir vers la côte Est des Etats-Unis où elles fêteront Noël. Au printemps, le voyage se fait en sens
inverse et c’est de début avril jusqu’au 20 mai environ qu’on peut à nouveau les voir au Cap Tourmente.

Les grandes oies des neiges adultes sont presque entièrement blanches, à l’exception de l’extrémité des ailes, noires. Cependant, à force de fouiller la vase de la rive gauche du fleuve afin de se nourrir de végétaux, particulièrement de rhizomes de scirpes, leur tête prend une couleur rouille. En effet, les terrains géologiques constituant le bouclier canadien sont riches en fer et les sédiments arrivent inévitablement dans le Saint-Laurent. Donc, au Québec, pour les oies comme pour les mineurs d’âge : l’alcool, non ; l’eau ferrugineuse, oui !

Pendant que Chantal nous donne toutes ces explications, des têtes d’oies
empaillées circulent. Stupeur : ici, les oiseaux ont des dents ! La langue, le
bec, sont hérissées d’une multitude de petits crochets cornés, véritable râpe à rhizomes (faute de fromage).

Ensuite, un petit tour dans les allées de la réserve nous permet d’observer d’autres oiseaux : serins, merles américains, carouges à épaulettes, bruants, ... ainsi que l’aire de reproduction de l’autre vedette de l’endroit : le faucon pèlerin qui a établi son nid sur la falaise. Comme en Europe, cette espèce
a connu un grave déclin essentiellement dû, pense-t-on à l’utilisation de certains pesticides, comme le D.D.T. A présent, là-bas et ici, on observe une lente remontée des effectifs,

Pour terminer la visite. nous avons droit à un film retraçant le trajet des oies dans leur grande migration. Au moment de quitter la réserve. nous assistons à un superbe envol de centaines d’individus, accompagné d’un chahut pas possible. Même Maxim n’arrive plus à en placer une ! Ces escadrilles nous
rappelant vaguement les avions de l’OTAN s’envolant vers la Serbie, nous nous précipitons tous aux abris, en l’occurrence le car, craignant quelque bombardement fienteux et intempestif,...

Et ainsi se termine la dernière excursion de notre voyage. La fin de la journée est libre, consacrée par beaucoup à du "magasinage " couplé a la visite de la
vieille ville de Québec. Nous voulons terminer cette journée en faisant une petite virée tous ensemble. C’est sans compter avec la loi canadienne.
Impossible de rentrer dans un établissement vendant de l’alcool, ne serait-ce qu’une bière. lorsqu’on a moins de 18 ans. Les sanctions étant sévères, aucun
tenancier ne s’y risque. C’est donc autour d’un café et d’un chocolat chaud pris
dans un établissement tristounet que nous terminons les activités du jour. Dura lex, sed lex !

11. La fin...

La dernière journée d’un tel voyage, tout le monde se traîne un peu. La fatigue accumulée se fait sentir et un brin de nostalgie commence à pointer. Derniers achats, dernière promenade dans Québec, et nous empruntons une dernière fois notre car pour rejoindre l’’aéroport.

Le vol quelque peu chahuté par les trous d’air nous amène à Zaventem au petit matin, très fatigués. Tels des rorquals en plongée. nous retenons tous notre souffle lorsque Carine franchit la douane, mais tout se passe bien. Ce sont les retrouvailles avec les familles. Certains s’éclipsent rapidement, d’autres prolongent ces derniers moments, mais finalement, tout le monde rentre chez soi, rêvant de son lit...

12. Remerciements.

Qu’il nous soit permis ici, à nous, enseignants, de remercier madame Huybrechts et monsieur Everaert qui nous ont aidés à encadrer les élèves. Leur aide fut précieuse.

Professeurs et accompagnateurs tiennent à féliciter une fois encore les étudiants. Leur ponctualité, leur attention durant les visites et l’attitude positive de l’énorme majorité d’entre eux contribua largement à faire de ce voyage une pleine réussite. Merci aussi à tous les parents qui nous ont soutenus et fait confiance, et particulièrement aux parents de Jessie et de Magali pour leurs nombreux coups de main et les échanges de messages qu’ils ont assurés durant le voyage.

Au nom de tous, notre gratitude va à tous les Québécois qui nous ont accueillis et aidés, notamment Véronique, Daniel, Jean-Pierre et Martin,
sans oublier Esteban qui s’est coupé en quatre pour nous organiser un séjour aussi intéressant qu’agréable dans la région de Québec. Merci aussi
à monsieur Elias qui s’est occupé de nos transports, de nos logements et de certaines visites.

Merci enfin à tous ceux, anciens, amis, membres de la communauté de Saint-Julien - Parnasse qui y ont cru, nous ont aidés, encouragés et épaulés.

[(MONTREAL et QUEBEC

Montréal et Québec sont les deux villes les plus importantes de la province de Québec. On y parle principalement français. Comment cela se fait-il ? Il suffit de voir qui fonda ces cités ! En 1535, Jacques Cartier, un explorateur français, bloqué par des rapides, s’arrête sur une île du Saint Laurent, grimpe en haut de la colline qui la domine et nomme celle-ci Mont Royal. Le Mont Royal, haut de 200 mètres environ, est toujours là et nous l’avons escaladé -de nuit !- 464 ans plus tard. Entretemps, les Montréalais, fiers de leur colline, l’ont baptisée montagne". Tout autour, ils ont construit des gratte-ciel le long de larges avenues qui s’étendent sur des kilomètres. Mais attention : aucun gratte-ciel ne peut s’élever au dessus de la "montagne". C’est vrai qu’elle en prendrait un coup, la pauvre, si on la dépassait !

C’est donc sous le sol que tout va se jouer. Il y a en effet des kilomètres de galeries commerciales souterraines reliées au réseau du métro. La raison de cet enfouissement, c’est surtout que l’hiver est plutôt froid à Montréal ! Cette taupinière géante permet aux habitants de sortir de chez eux sans mettre le nez dehors ou presque... D’ailleurs pourquoi pensez-vous qu’il y a si peu de chiens à Montréal ? Parce que l’on n’a pas envie de promener toutou en hiver, tiens ! Par contre, cela vaut la peine de se promener en été : outre les superbes mollets des facteurs, qui s’entraînent à escalader les escaliers extérieurs des maisons, on peut admirer les cordes à linge où sèche la lessive du voisin. Quel en est l’intérêt ? Cela vous fournit un excellent sujet de "placotage", voyons : "Tiens, elle vit seule, celle-là, à présent" ou :"Oh, il y a un petit dernier chez les Tremblay", etc.

Les Montréalais francophones sont fiers de l’être et font tout pour le rester. Malgré la victoire de la "révolte des berceaux" (où les prêtres catholiques francophones encourageaient fortement les femmes à avoir des familles
extrêmement nombreuses pour contrer la montée du protestantisme anglo-saxon), la "menace" anglophone semble bien présente et il est vrai que dans la plus grande ville francophone d’Amérique, on vous adresse vite la parole en anglais dans les magasins... Mais est-ce vraiment étonnant dans une ville au look si américain, malgré le charme tout européen de son vieux port ?

Les Américains en quête de sensations européennes ne s’y trompent d’ailleurs pas : c’est à Québec qu’ils vont et non pas à Montréal. Québec, avec son Château Frontenac (un hôtel pseudo-médiéval) et son Quartier Petit-Champlain, a en effet une allure beaucoup plus tranquille et un petit air de vieille France savamment travaillé. De la Terrasse Dufferin qui domine le Saint-Laurent, on peut s’imaginer Samuel Champlain jeter l’ancre et décider en 1608 de s’installer ici, là où "la rivière se resserre" ("Kebec" en algonquin).

Si on manque d’imagination, on peut toujours aller faire un tour au musée de la civilisation. Des riches civilisations amérindiennes aux égarements cruels de la société moderne, en passant par la Belle Epoque du Québec, le monde du cirque ou la fascination de l’espace, chacun peut y trouver matière à observation et surtout à réflexion ...

Montréal et Québec, deux villes francophones au Canada. La comparaison peut presque s’arrêter là, tant les deux villes nous ont semblé différentes. Sans doute n’avons-nous pas eu le temps de les apprécier à leur juste valeur. Montréal est difficile à apprivoiser, malgré son cosmopolitisme et sa joie de vivre apparente.

Québec, quant à elle, ne s’est pas vraiment livrée sur la journée que nous y avons passée, malgré son air familier de bourgade française. Et c’est tant mieux : nous pourrons encore en rêver et y retourner !)]

[/Oeuvre collective réalisée par l’ensemble des participants./]

[/ Paru dans "Echos" Juin 1999/]


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